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Qui peut devenir orthodontiste ?

Le texte suivant est inspiré et est une traduction d’une partie d’un éditorial de Rolf Behrets, éditeur en chef du American Journal of Orthodontics and Dentofacial Orthopedics publié en mai 2015 .

Petite histoire de l’orthodontie

Au début des années 1890, il était relativement facile de devenir dentiste. La majorité des candidats dans les écoles dentaires venaient de compléter un cours secondaire, déboursaient « quelques sous » pour s’inscrire à un programme d’étude dentaire et leurs études et leurs entraînements ne duraient que six mois. Après avoir gradué, un dentiste pouvait faire n’importe quelle procédure dentaire qu’il désirait, peu importe où il travaillait. Ceci incluait le « redressement » des dents avec des « appareils régulateurs ». Il n’y avait alors pas vraiment de lois qui encadraient la pratique dentaire et il n’existait pas de spécialistes dentaires… seulement des dentistes généralistes.

Extrait de texte
Noir et blanc - examen de la bouche

En 1892, un dentiste nommé Edward H. Angle créa la spécialité de l’orthodontie en déclarant qu’il limiterait sa pratique dentaire uniquement à l’orthodontie.

Il croyait qu’un dentiste qui désirait faire de l’orthodontie devait avoir des connaissances et habiletés spéciales ou particulières et que ces dernières ne pouvaient être acquises dans les écoles dentaires régulières aux États-Unis à l’époque. Il fonda donc, en 1900, la première « école » d’orthodontie avec un programme d’étude d’une durée de 8 semaines (voir illustration). L’année suivante (1901), il créa une organisation pour faire la promotion de l’orthodontie (maintenant appelée l’American Association of Orthodontists). Par la suite, d’autres écoles d’orthodontie ont été fondées par d’autres orthodontistes et en 1915, une nouvelle publication (maintenant connue sous le nom de American Journal of Orthodontics and Dentofacial Orthopedics) vit le jour pour faire la promotion de la spécialité et contribuer à l’avancement de l’orthodontie.

Malgré ce niveau d’avancement « scientifique » et d’organisation au sein de la première spécialité dentaire, il était surprenant de constater qu’à l’époque, il y avait encore des dentistes qui s’annonçaient comme orthodontistes sans avoir de formation, d’éducation ou d’entraînement en orthodontie! Leur motivation était le plus souvent les gains financiers et on qualifiait ces praticiens d’ « imitateurs ».

D’un autre côté, en 1915, on débattait le fait qu’un dentiste pouvait devenir un orthodontiste par les moyens suivants :

  • après avoir acquis plusieurs années d’expérience en orthodontie (ceci comprenait les dentistes qui apprenaient l’orthodontie par essai et erreur et qui bénéficiaient d’une « clause grand-père » leur permettant d’être reconnus comme orthodontiste),
  • en étudiant et en pratiquant avec un orthodontiste expérimenté ou,
  • en étudiant et en graduant d’une école d’orthodontie reconnue.

Les temps changent et, il y a 100 ans, plusieurs choses étaient possibles qu’il serait impossible d’envisager aujourd’hui et plusieurs autres choses possibles aujourd’hui ne pouvaient être envisagées il y a un siècle. Depuis 1915, il y a eu une évolution extrêmement importante de la dentisterie et des spécialités dentaires. La santé buccodentaire s’est grandement améliorée, il y a eu des progrès énormes dans la technologie dentaire, l’accès à toutes les formes de soins dentaires a augmenté significativement et le public n’a jamais été aussi bien informé et servi. Malgré cela, il persiste même aujourd’hui, des questions et controverses entourant l’éducation, les champs de pratique, les aspects légaux et l’éthique professionnelle.

Éducation dentaire et orthodontique

De nos jours, la compétition est forte pour étudier en dentisterie. Aux États-Unis et au Canada, un examen uniformisé de sélection est nécessaire pour être admis dans un programme de médecine dentaire. Aux États-Unis, seulement 5000 des meilleurs candidats pourront s’inscrire à une école de médecine dentaire pour recevoir, au cours de quatre années de formation, près de 5000 heures d’enseignement et d’entraînement clinique dans toutes les sphères de la dentisterie. Certains programmes durent 5 ans. La vaste majorité de cette formation est axée sur le contrôle des maladies (carie dentaire, maladies parodontales), les pathologies buccales (extractions et chirurgie) et la restauration des dents (restaurations, couronnes et ponts, prothèses dentaires, implants dentaires, etc.). Les enseignants dans chaque programme reflètent la qualité et le contenu de l’enseignement pour chaque institution. Ce sont majoritairement des dentistes généralistes, mais il y a aussi plusieurs spécialistes.

La formation

La formation en orthodontie dans les programmes dentaires ne représente que quelques heures d’enseignement au cours des 4 ou 5 années soit une moyenne de 95 heures au total pour les écoles américaines soit moins de 2 % du temps d’enseignement. Le temps alloué à la formation en orthodontie comprend l’enseignement théorique en classe, le travail en laboratoire et parfois des traitements limités pour quelques patients (1 ou 2) dans la clinique. Certaines écoles offrent moins de 11 heures d’éducation orthodontique au total. Afin d’assurer la protection du public, a qualité de l’éducation dispensée dans toutes les écoles dentaires canadiennes et américaines est évaluée et accréditée par des associations dentaires et organismes d’accréditation nationaux.

Quiconque satisfaisant aux normes et aux exigences des écoles dentaires se voit attribuer un diplôme (soit DDS ou DMD) et est qualifié pour être un(e) dentiste généraliste; pour obtenir un droit de pratique, un ou plusieurs examens écrits additionnels sont exigés selon l’état ou la province. Une fois son droit de pratique obtenu, un(e) dentiste généraliste peut effectuer tout acte ou traitement dentaire reconnu par la loi dans la province ou l’État où il ou elle pratique.

Après avoir terminé leurs études en médecine dentaire, environ 10 à 20 % des gradué(e)s poursuivent des études additionnelles dans l’une des 10 spécialités dentaires reconnues ou une feront une formation plus approfondie en dentisterie générale. Les dentistes qui désirent se spécialiser en orthodontie doivent appliquer à l’un des 73 programmes gradués en orthodontie aux États-Unis ou au Canada qui offrent 350 places pour des milliers de candidat(e)s. Les candidat(e)s admis(es) sont habituellement ceux ayant eu les meilleurs résultats académiques.

Outils Orthodontie

Les programmes post-gradués

Les programmes post-gradués en orthodontie sont d’une durée de 2 à 3 ans et doivent offrir un minimum de 3700 heures d’enseignement (certains en ont plus de 4000). Ceci comprend les cours, les séminaires, des exercices en laboratoire et le traitement de patient(e)s en clinique, le tout dans un contexte orthodontique. La majeure partie du temps est passée à traiter des patient(e)s en clinique sous la supervision d’orthodontistes chevronné(e)s et expérimenté(e)s. À titre d’exemple, les 40 clinicien(ne)s et enseignant(e)s dans le programme d’orthodontie de l’Université de St-Louis cumulent un total de 1000 années d’expérience en orthodontie! Les étudiant(e)s participent directement au traitement de centaines de patient(e)s et peuvent observer le traitement pour des centaines d’autres patient(e)s. Tous les programmes post-gradués d’orthodontie visent à former des orthodontistes qui auront les connaissances et les habiletés pour redresser les dents, corriger les malocclusions, harmoniser les mâchoires et améliorer l’esthétique du visage. À la fin du programme d’étude en orthodontie, les gradué(e)s se voient décerner un certificat et/ou une maîtrise de spécialité en orthodontie. Tout comme pour la dentisterie, la qualité de l’éducation spécialisée en orthodontie est vérifiée et doit être accréditée par différents organismes reconnus.

Pour pratiquer l’orthodontie comme spécialiste, un(e) gradué(e) doit tout d’abord avoir une licence dentaire et être reconnu(e) comme orthodontiste par l’État ou la province où il ou elle pratique.

Les dentistes généralistes et les orthodontistes doivent renouveler leur licence annuellement et doivent participer à de la formation continue pour maintenir et améliorer leurs connaissances et habiletés. À cet égard, les dentistes généralistes suivent habituellement des cours ayant rapport à la dentisterie générale tandis que les orthodontistes suivent des formations en orthodontie.

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Au Québec

Au Québec, les exigences en éducation continue sont un minimum de 30 heures annuellement et les cours doivent être approuvés par l’Ordre des dentistes du Québec. Les dentistes et orthodontistes peuvent prendre part à plus de formation s’ils ou elles le désirent. La plupart des cours sont d’une durée de quelques heures (8 à 16 heures en une ou deux journées), mais certains cours plus approfondis peuvent représenter une quarantaine d’heures en une semaine. Une formation typique comprend un cours formel, parfois des exercices en laboratoire, mais pas de traitement de patient(e)s. Donc, peu importe le nombre de cours que prend un dentiste généraliste et leur durée, il est peu probable qu’il ou elle puisse atteindre une expérience académique équivalente à celle qu’a reçu un(e) orthodontiste certifié. Cependant, ceci ne veut pas dire que les dentistes ne peuvent faire certains types de traitements d’orthodontie avec succès, ils et elles le peuvent, mais, de façon générale, un(e) dentiste généraliste ne peut atteindre le même niveau de compétence en orthodontie qu’un(e) orthodontiste. Certains seront en désaccord avec cet énoncé de Behrents, mais il mentionne aussi qu’il n’y a aucune évidence prouvant le contraire.

Un(e) orthodontiste peut annoncer qu’il est un(e) orthodontiste et qu’il peut pratiquer toutes les méthodes et les techniques de traitement orthodontique (et il y en a plusieurs).

Un(e) dentiste généraliste ne peut indiquer qu’il ou elle est un(e) orthodontiste, mais peut tout de même pratiquer l’orthodontie et doit indiquer qu’il ou elle offre des « services d’orthodontie ». Ceci sous-entend qu’il ou elle a un intérêt pour l’orthodontie, qu’il ou elle a eu une certaine formation dans certains aspects de l’orthodontie, qu’il ou elle a de l’expérience en orthodontie et a l’habileté de diagnostiquer adéquatement et de traiter certains problèmes orthodontiques. Avec le temps, les orthodontistes deviennent de plus en plus compétents dans leur domaine d’expertise, l’orthodontie, car c’est tout ce qu’ils font chaque jour. Avec le temps, les dentistes généralistes deviennent de plus en plus compétent(e)s dans la pratique générale. Lorsqu’on compare ces deux groupes, la différence entre leurs connaissances et habiletés orthodontiques s’accentue donc avec le temps et la pratique.

Un des buts de cet éditorial était d’informer le public à propos des différences entre un(e) spécialiste certifié(e) en orthodontie (orthodontiste) et un(e) dentiste généraliste qui offre des services d’orthodontie en ce qui a trait à leur formation, éducation, entraînement et pratique. Ces différences sont significatives du point de vue des connaissances, de l’expérience et des habiletés du (de la) praticien(ne) qui offre des traitements orthodontiques. Il est vrai que les orthodontistes connaissent mieux l’orthodontie que les dentistes généralistes, tout comme il est vrai que les dentistes généralistes connaissent mieux la dentisterie générale que les orthodontistes. De plus, il est réconfortant de savoir qu’il y a plusieurs excellent(e)s dentistes généralistes au Québec, au Canada et aux États-Unis et d’excellent(e)s orthodontistes.

Un autre but visé par ce texte est de sensibiliser le public à poser des questions aux dentistes et aux spécialistes leur offrant des traitements d’orthodontie afin de les aider à prendre des décisions éclairées et de décider qui est le (la) meilleur(e) praticien(ne) pour répondre à leurs attentes orthodontiques.

Finalement, nous avons une grande admiration envers les dentistes généralistes, car ils ou elles doivent savoir tellement de choses à propos de tellement de sujets pour être considérés d’excellents dentistes… tandis que les orthodontistes eux, ne doivent être très bon(ne)s que dans un seul domaine (ou presque), mais dans ce domaine, ils ou elles sont excellents.

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